De nombreux travaux menés en psychologie sociale sur les attitudes suggèrent que les gens n’expriment pas toujours le fond de leur pensée lorsqu’ils sont questionnés ouvertement sur leurs opinions, et ce essentiellement pour deux raisons :
Les tests d’Association Implicites, proposés par une équipe de chercheurs en psychologie sociale et cognitive et développés à l’Université d’Harvard, visent donc à "explorer" les fondements de pensées implicites (non contrôlable consciemment) des participants. Autrement dit, ils essayent de détecter ce que pense réellement la personne, et ce à partir d’une mesure implicite des préjugés, basée sur une technique d’association de concepts.
Pour mesurer les attitudes de façon implicite, une méthode utilisée en psychologie consiste à associer deux concepts ensemble. Cette méthode nécessite généralement l’utilisation d’un ordinateur. Dans un premier temps, la personne classe des concepts (ex. : mots, photos, images) en fonction de la catégorie à laquelle il se rapporte. Par exemple, vous avez la photo d’une personne de 20 ans qui s’affiche sur l’écran. Vous devez alors préciser - grâce aux touches E et I du clavier - à quelle catégorie, en l’occurrence "vieux" versus "jeune", cette personne fait référence. Si la personne produit une erreur, un message d’alerte s’affiche sur l’écran. Elle se doit alors de la corriger. Une deuxième tâche consiste toujours à associer deux concepts mais avec quatre catégories de référence. Par exemple, en plus des catégories "vieux" et "jeunes", les catégories "bon" et "mauvais" viennent s’ajouter. Un regroupement de catégories s’effectue, vous aurez donc d’un côté "jeune et mauvais" et de l’autre "vieux et bon" - l’alternative : "jeune et bon" versus "vieux et mauvais" est ensuite proposée. Comme précédemment, un concept apparaît au centre de l’écran, il s’agit alors de le relier à la catégorie à laquelle il réfère.
Les temps mis pour relier les concepts les uns aux autres sont alors évalués. Si le temps mis pour répondre lorsque les catégories "vieux et bon" sont associées est inférieur à celui mis pour répondre lorsque les catégories "jeune et bon" sont associées, alors ceci révèle une tendance à avoir des attitudes plus positives envers les vieux qu’envers les jeunes ; et inversement. S’il n’y a pas de différence significative entre les temps de réponses alors la personne a des attitudes similaires avec les membres des deux groupes étudiés et n’a dès lors pas plus de préjugés pour un groupe par rapport à l’autre. Ce qui ne signifie pas qu’il n’a aucun ou peu de préjugé.
En vous rendant sur le site, vous pourrez tester vos attitudes concernant quatre domaines, à savoir : l’âge, le genre et les sciences, l’origine ethnique (blanc versus noir) et les pays, et ainsi prendre conscience de vos propres préférences ou croyances implicites.
Lors de la réalisation du test d’association implicite, vous serez amené à fournir des renseignements sur vos croyances explicites et sur votre situation personnelle. L’anonymat et la confidentialité sont, bien entendu, respectés. Vous êtes toutefois libre de ne pas répondre à ces questions.
La version anglaise du site propose en plus des thématiques abordées en version française, trois autres tests référant au poids, à la sexualité et à l’origine ethnique (blanc versus asiatique). Si vous n’avez pas une bonne maîtrise de l’anglais, les résultats fournis ne reflèteront pas vos réelles opinions car les temps de réponse seront biaisés par vos manques de compétences en anglais. Le site (version française et anglaise) constitue aussi une source d’information intéressante sur les tests d’association implicite. Il mentionne par ailleurs les précautions à prendre lors de l’utilisation d’un tel outil (considérations éthiques).
Vous pouvez réaliser les tests à partir du lien suivant : https://implicit.harvard.edu/implicit/
Devos, T., Nosek, A., Hansen, J., Sutin, E., Ruhling, R., Banaji, M. et Greenwald, A. (2005) : "Explorer les attitudes et croyances implicites : lancement d’un site Internet en langue française", Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 2005, n°66, p.81-83.