Laboratoire pédagogique du Greta du Velay

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Musique et handicap

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La musique et le handicap se sont longtemps combattus, l’une empêchant soi-disant l’autre, que ce soit dans l’écoute ou dans la pratique. Bien sûr, dirait-on, une personne sourde n’entend pas la musique. Par contre, elle la ressent, elle peut capter les rythmes, et parfois même reconstituer le son si elle n’est pas sourde de naissance, elle l’entend donc de sa propre manière. L’exemple le plus marquant, pour toutes les époques, est le virtuose Ludwig van Beethoven, chez qui la surdité progressait sans que, même totalement sourd, il n’arrêtât de composer. De nos jours, beaucoup de musiciens se penchent sur le rapprochement de leur art et du handicap physique ou mental. Des études ont démontré, par exemple, qu’en enfant déficient mental pouvait se révéler particulièrement doué dans la pratique d’un instrument de musique. Pour les personnes handicapées physiques, travailler la percussion peut être un moyen de travailler ses réflexes. L’histoire nous prouve que la pratique d’un instrument tel que le piano, dont les marteaux percutent chaque corde d’une manière propre, est possible par une personne sourde qui ressentira différemment chaque percussion. Les personnes aveugles, quant à elles, ont à apprendre chaque parcelle de leur instrument grâce au toucher. Ainsi, pour continuer dans cette voie la recherche, des métiers se créent dans des associations musicales, des écoles, à travers des stages, des rencontres. Voici quelques très beaux exemples de telles structures.

De nouveaux organismes s’ouvrent pour étudier plus profondément le contact des deux milieux du handicap et de la musique. L’une d’elles, tout nouvelle dans son domaine, créée en 2004 dans l’Ile-de-France, se nomme le SIDVEM (Service d’aide à l’intégration des personnes déficientes visuelles dans les lieux d’enseignements de la musique), né de l’alliance de l’Institut d’Education Sensorielle (IDES) et l’association Musique et Eveil culturel pour les personnes en Situation de Handicap (MESH). C’est une enseignante, Marie-Annick Socié, qui en est l’instigatrice. Le service aide non seulement les élèves à suivre des cours de musique dans les meilleures conditions en leur indiquant où ils peuvent aller et quels types de cours ils peuvent suivre, mais aussi offre aux enseignants l’aide nécessaire à l’intégration des élèves déficients visuels, en leur donnant des cours élémentaires de braille pour déchiffrer les partitions ou en les conseillant et en répondant à leurs questions. La radio Vivre FM, la radio du handicap, en dit un peu plus sur le SIDEVM ici. Le MESH publie régulièrement sur son site (consultable ici) les actualités d’événements autour de la musique et du handicap ayant lieu en France.

Il existe également des centres spécialisés dans la recherche sur la musique et le handicap. L’un d’eux, le Centre Européen Musical Alain Carré à Chambéry-Bassens (Rhône-Alpes) (voir le site ici), propose de nombreux stages et ateliers totalement étudiées pour apprendre à faire de la musique face à toutes sortes de handicaps. Ce sont surtout les aides techniques que les professeurs du centre apprennent, ainsi que l’influence de la musique sur la santé (musicothérapie). Le but de cet enseignement est de considérer la musique comme apportant de grandes améliorations à la qualité de vie, et d’apprendre aux élèves l’autonomie totale dans la pratique d’un instrument.

N’oublions pas les associations qui ont un grand rôle dans l’évolution de la recherche. Par exemple, l’association « Musique et Handicap 78 » de Versailles (Yvelines) aide les personnes handicapées à se produire, les enfants handicapés moteurs ou polyhandicapés, les jeunes, les adultes, les déficients mentaux, ainsi que toute personne en situation de handicap, en organisant de nombreux stages, des rencontres avec des musiciens professionnels, des concerts, ou se déplace dans les lieux tels que les hôpitaux, les maisons de soin, les centres sociaux-culturels pour animer les lieux de musique. Ils favorisent les rencontres entre personnes handicapées et valides, où chacun se ressemble et se rassemble dans la musique. Vous pouvez visiter leur site ici.

De nombreuses autres initiatives se créent chaque année en France, grâce aux professeurs qui s’investissent toujours plus loin dans les études sur le rapprochement de la musique et du handicap. Le journal en ligne Archimed’ Culture Handicap (qu’on peut consulter ici) nous en apprend d’avantage sur les diverses écoles de musique qui ont ouvert des classes accueillant des personnes handicapées. Parmi elles, à titre d’exemples :

  • le Conservatoire municipal de musique de danse et d’art dramatique de Suresnes Georges Gourdet (Ile-de-France) qui a ouvert une classe de percussions aux personnes sourdes et malentendantes ;
  • l’école municipale de musique de Meyzieu (Rhône-Alpes) et ses cours de musique individuels et collectifs ouverts aux personnes de tous handicaps ;
  • l’école de musique intercommunale de Ouistreham (Basse-Normandie) et son atelier d’éveil musical pour des enfants atteints de troubles autistiques ;
  • le Conservatoire municipal de musique de Montereau-faut-Yonne (Ile-de-France) et son atelier de percussions pour adolescents handicapés ;
  • le Conservatoire municipal de musique et de danse Claude Debussy de Corbeil-Essonnes (Ile-de-france) qui travaille depuis les années 1990 avec des associations culturelles et a créé deux ateliers : l’un de musique électroacoustique pour de jeunes personnes infirmes moteurs cérébraux (IMC) et l’autre de percussions pour des personnes souffrant de troubles psychiques. L’atelier mène également une recherche sur de nouveaux instruments de musique adaptés ;
  • le Conservatoire national de Région de Toulouse qui accueille parmi ses élèves des étudiants aveugles et malvoyants depuis les années 1980 dans le cadre d’un partenariat avec deux établissements scolaires spécialisés pour jeunes aveugles (travail sur la transcription des partitions en braille) ;
  • le Conservatoire national de Région de Grenoble (Rhône-Alpes) et son atelier d’improvisation vocale et instrumentale pour des adultes déficients intellectuels (dans le cadre d’un partenariat avec un foyer de vie) : l’école de musique de Belley et le foyer de vie de Prémeyzel et leurs cours individuels ou collectifs de pratique instrumentale pour les enfants handicapés physiques et valides...

Ces associations, ces écoles, ces structures, ne voient le jour et ne vivent que grâce au soutien et à l’aide de bénévoles, de volontaires et de professionnels. Il ne faut donc pas hésiter à les contacter. Chacun peut mettre à profit son sens artistique, ses connaissances en enseignement, ou tout simplement sa bonne volonté.