Laboratoire pédagogique du Greta du Velay

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Les nouveaux Danois

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New Dan !

Voici une expression qui m’a interpellé dès le moment où elle a été prononcée. Puisqu’il existe des nouveaux Danois, je me suis demandée s’il existait ou s’il pourrait exister des « nouveaux Français » avec tout ce que cette acception implique. Cette expression que l’on pourrait littéralement traduire par « nouveau Danois », induirait automatiquement la notion d’ancien Danois. Comment percevoir cette identité nouvelle attribuée aux migrants qui s’installent au Danemark ?

A première vue, l’expression « new Dan » implique que l’on fait la différence entre deux catégories de citoyens. Pour autant peut-on en conclure qu’il y aurait des Danois de premier choix puis des Danois de seconde zone. Cette conclusion si elle était tirée maintenant me paraîtrait hâtive. Il me semble qu’elle mérite au moins que l’on creuse un tant soit peu la réflexion. S’il est vrai que dans cette désignation on retrouve l’idée que ces personnes ne sont pas totalement membres de la communauté danoise, il n’est pas moins vrai qu’il y a une tentative d’associer (peut-être certains diront d’assimiler) les migrants à la communauté danoise. Car, même s’ils sont qualifiés de « nouveaux », ils peuvent également revendiquer l’identité danoise, qui leur est attribuée même si nuancée par l’adjectif nouveau. Du point de vue hexagonal, les migrants ou leurs descendants ne constituent pas effectivement des « nouveaux Français ». Le politiquement correct veut que l’on parle de Français mais dans les esprits, s’il n’est pas immédiatement rajouté « issus de l’immigration », l’appartenance à la communauté nationale n’est pas entièrement reconnue par la population.

On peut dire qu’il y a derrière la question « Êtes-vous Français ? » une certaine hypocrisie. En effet, la personne issue de l’immigration répond invariablement qu’elle a la nationalité française. « Je suis Français » implique un sentiment d’appartenance à une communauté nationale et l’adhésion à ses valeurs fondamentales. Alors que la réponse « j’ai la nationalité française » implique que la personne a des papiers français, qu’elle est Française sur le papier, légalement.

Pour ma part, je trouve que cette idée de « nouveaux citoyens » permet une reconnaissance de part et d’autres. C’est à dire, le migrant est reconnu comme venant d’ailleurs, avec un passé, et une rupture est induite. D’un autre côté, les Danois (même si le Danemark a bénéficié de nombreuses migrations des pays scandinaves) trouvent leur identité culturelle également reconnue. Cette difficulté, même si elle permet la reconnaissance des différences, n’en crée pas moins deux identités nationales.  Maintenant l’enjeu est de faire avancer et évoluer les deux identités pour qu’elles coexistent. Là, le Danemark explore des solutions qui lui seront propres et qui permettront à la nation danoise d’inventer une nouvelle identité.

Stéphanie